Depuis de nombreuses années, les titres de journaux nous abreuvent du retard des PME françaises en matière de digitalisation. Il faut accélérer la “transformation digitale” de nos entreprises, “digitaliser les PME” et combler le retard par rapport à nos voisins.
On ne sait pas très bien de quel retard il s’agit mais il faudrait que toutes les PME françaises se mettent en mode start-up pour proposer une expérience innovante et disruptive à leurs clients.
Au passage, on notera que le terme “digital” français est un anglicisme utilisé à des fins marketing. Dérivé du latin, digital est lié au doigt et non au chiffre du terme anglais. Le terme digital s’est répandu dans le langage courant mais les informaticiens lui préfèrent le terme de numérique, plus proche de la réalité.
Transformer ou périr
Les programmes de transformation sont partout, le changement est perpétuel.
Le changement, tout comme le progrès ou la croissance, sont des évidences qu’il n’est plus permis de questionner. Sortir de sa zone de confort, à titre individuel ou collectif, est devenu une injonction et tous ceux qui émettent des objections sont dans la fameuse “résistance au changement”.
Partant de là, il faudra opérer votre transformation numérique, au risque sinon de devenir complètement has-been. Vous n’avez pas installé de capteurs dans toute votre usine ? Vous n’avez pas de robots pour assister vos collaborateurs et leur apporter le café ? Ou pire vous n’avez pas de site e-commerce pour votre élevage de poneys dans la creuse ?
La France a-t-elle vraiment du retard ?
Vous voilà donc “en retard”, sur quoi on ne sait pas, en retard sur l’avenir sans doute.
En retard par rapport aux start-ups peut-être, même si leur modèle d’affaires est complètement déficitaire et en perfusion constante de fonds privés ou publics.
Serait-ce un trait culturel français que de se croire toujours en retard ou une loupe déformante des médias pour nous vendre toujours plus de consultants ?
Est-ce être en retard que de réfléchir avant d’agir, d’observer avant d’investir, de comprendre avant d’appliquer la nouvelle mode ?
Etes-vous en retard si vous n’avez pas encore d’intelligence artificielle alors que vous vendez des chaussures de sécurité en B2B ?
Est-ce que votre employé qui remarque qu’il serait peut-être judicieux d’augmenter la qualité des produits plutôt que de faire un énième projet de transformation est forcément réticent au changement ?
Quel est l’impact environnemental ?
Alors que le numérique pèse déjà pour 4% de nos émissions de gaz à effet de serre, on prévoit de multiplier par 48 le nombre d’objets connectés en circulation dans le monde.
Les volets roulants, thermostats, frigos, alarmes, lave-linge, assistant virtuel ne suffisent pas, bientôt vous aurez une fourchette connectée qui vibrera dès que vous aurez fini de macher pour pouvoir ingurgiter la bouchée suivante (une idée de startup ? Je tiens un bon concept là, ah non pardon, ça existe déjà)
Et dans les PME, a-t-on réfléchi à l’impact environnemental avant de mettre en place de nouveaux produits ou de nouveaux services, qu’ils soient numériques ou non ?
Pour donner un exemple d’impact environnemental, je vous propose cet article de courrier international qui présente une infographique de l’impact du e-commerce en Allemagne. Les livraisons express, les nombreux retours ou encore les emballages ont un impact désastreux.
Pour quels bénéfices ?
Avant de se lancer dans un grand programme de transformation ou de déployer la dernière lubie numérique à la mode, si nous évaluions d’abord les réels besoins de nos clients, utilisateurs et collaborateurs ?
Le casque de réalité virtuelle a-t-il une réelle valeur ajoutée ou est-ce un nouveau gadget qui prendra la poussière dans un tiroir ?
Vos clients ont-ils plus besoin que votre robot culinaire râpe les carottes ou qu’il soit connecté à leur assistant virtuel pour leur dire que c’est l’heure de manger ?
Vos capteurs de température dans toute votre usine sont-ils mieux utilisés que le bon vieux thermomètre à mercure accroché au mur ?
Au risque d’écrire une banalité, il vaut mieux un service simple, bien pensé, qui réponde à un vrai besoin utilisateur qu’une usine à gaz permettant seulement de vous faire mousser auprès de la direction avec un beau reporting (que vous aurez préalablement copié sur un PowerPoint sinon personne ne peut accéder à votre joli camembert 4 couleurs). Vous en rigolez mais combien de projets avez-vous jeté à la poubelle faute de réelle utilité ?
Si vous souhaitez discuter de vos projets et comment réfléchir en amont à leur impact environnemental, social et sociétal, réservez un créneau sur Calendly et appelez-moi.