Pour un numérique inclusif

Pour un numérique inclusif

Engagée depuis de nombreuses années pour l’accès des femmes aux métiers de la tech, je m’interroge sur la place que la société dans son ensemble est prête à leur faire.

La formation initiale

En école d’ingénieur, certains de mes camarades se sont plaints que j’avais des bonnes notes parce que je mettais des jupes… En école d’ingénieur, BAC+5, des gars de plus de 20 ans !

Il est toujours normal aujourd’hui d’accepter en école d’ingénieurs des hommes à la mentalité aussi évoluée qu’en école maternelle et de refuser des filles car elles n’ont pas encore fait leur preuve. En 2019, il est normal que les hommes entrent dans ces écoles parce qu’« ils ont déjà acquis les connaissances techniques » et c’est tout à fait normal qu’ils s’y intéressent puisque ce sont des garçons.

Alors qu’en entretien de recrutement, on demande aux filles quelle est leur « motivation » et pourquoi elles n’ont pas passé tout leur temps libre à bidouiller dans leur garage plutôt que de faire une bonne prépa et d’avoir toujours été une bonne élève.

La performance

Alors pourquoi encourager les femmes à s’engager dans les secteurs de la tech et à y rester une fois qu’elles y sont ?

L’argument économique est souvent avancé : les entreprises ayant un conseil d’administration ou un comité exécutif mixte seraient plus performantes, plus innovantes. Cela permettrait de mieux comprendre les clientes et ainsi augmenter ses parts de marché.

Très bien, je vote pour.

Mais a-t-on vraiment besoin de cet argument ? Une PARCE QUE, à la manière d’Orangina Rouge, ne suffit pas ?

Déranger le statu quo

Alors pourquoi ça ne bouge pas ? Parce que favoriser la diversité, c’est permettre l’apparition d’avis divergents, de questionnements, de remises en question de ce qui parait normal au plus grand nombre.

Favoriser la diversité, c’est déranger le statu quo et l’entre-soi et bien que beaucoup d’entreprises souhaitent « innover », elles ne sont pas toutes prêtes à accepter ce changement dans le fonctionnement même de leur entreprise. Ainsi il est toujours plus facile de recruter une personne qui nous ressemble, qui coche toutes les cases sur le papier, mais qui au final échouera à apporter du renouveau ou à remettre en cause un système qui l’avantage.

Les enjeux

Les enjeux sociétaux sont pourtant énormes. L’intelligence artificielle s’étend dans tous les domaines et les femmes ne participent pas à sa conception. L’IoT envahi nos maisons mais les femmes ne les développent pas.

Les ingénieurs prévoient toujours plus d’innovation et de technologie pour solutionner le dérèglement climatique mais qu’en pensent les femmes ?

Anne Rabot
Anne Rabot

Consultante en Numérique Responsable et Green IT sur Nantes. Ecolo inquiète pour la planète. Ingénieure féministe